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Centre de Bartholdi

Du cœur dans les potirons

Le service accueil de jour modulable (SAJM) dépend de l’ASEANFC (Association de Sauvegarde de l’Enfant à l’Adulte Nord Franche-Comté) établi à Bavilliers. Il a mission d’accompagner jeunes et familles en difficultés sociales et pour les premiers en rupture scolaire et en difficulté d’insertion professionnelle. La Protection de l’enfance du Conseil départemental lui confie des jeunes à encadrer. Actuellement ils sont 31, sous la houlette de quatre éducateurs spécialisés et de deux éducateurs techniques. L’objectif consiste à les motiver, les remobiliser et leur donner des cadres en tenant compte des compétences de la famille. L’opération « Du cœur dans les potirons » s’insère tout à fait dans ce programme.

L’an dernier l’équipe du SAJM a semé des graines de potirons dans le jardin pédagogique, elles ont donné une profusion de plants et la place a donc manqué pour les repiquer. « Il était impensable de les laisser se perdre, nous avons saisi l’opportunité de les valoriser en les plantant sur un terrain non cultivé tout proche » raconte Nathalie Gerardot, éducatrice et initiatrice du projet. Le terrain jusqu’alors inculte dispose d’une terre très fertile car amendée régulièrement par du fumier de cheval. La récolte a été considérable. Les jardiniers de circonstance ont eu l’idée d’en faire bénéficier les plus démunis. Nathalie Gerardot a pris contact avec Catherine Viron, responsable du centre Bartholdi des Restos du Cœur de Belfort. Cette dernière a été enthousiasmée par le projet. Ainsi est née l’opération « Du cœur dans les potirons ».

Plus de 300 kg ont été livrés à l’association créée par Coluche. Les jeunes sont venus sur place découper les potirons et filmer les portions. L’engouement des jeunes a été réel, l’unanimité s’est faite pour reconduire l’expérience. La surface de plantation a été augmentée, la production a encore été généreuse et en octobre 2023 ce sont 552 kg qui ont été livrés. Quatre jeunes de 15 à 19 ans sont venus les 16 et 17 octobre valoriser leur récolte. « De façon à ce que le projet prenne tout son sens après la découpe et l’emballage nous avons souhaité participer à la distribution auprès du public accueilli » indique l’éducatrice. Après la matinée de travail manuel le groupe a déjeuné au Bartholdi grâce à la magie culinaire de Christelle, bénévole, qui avait mitonné un succulent gratin parmentier de circonstances. L’après-midi les jeunes ont écoulé leur production auprès du public. L’opération du « Cœur dans les potirons » permet à certains de renvoyer l’ascenseur ayant eux-mêmes par le passé bénéficié des services des Restos du Cœur. « Cela renforce l’estime de soi, donne la satisfaction de se sentir utile et de se coucher en se disant aujourd’hui j’ai fait quelque chose de bien » poursuit Nathalie Gerardot.

Le succès de l’initiative pousse Catherine Viron à pérenniser et diversifier ce type de projet qui se mène de A à Z avec l’avantage de montrer concrètement la finalité et les résultats. « Les Restos du Cœur peuvent être un support, un théâtre d’expériences sociales pour ces jeunes ». Elle songe à créer un partenariat qui les verrait s’impliquer aux côtés des bénévoles dans diverses actions avec l’idée in fine de les intégrer aux Restos du Cœur.

« On pourrait devoir fermer d’ici trois ans »

En difficulté financière, les Restos du Cœur se sont résignés à réduire cet hiver le nombre de familles accueillies, a indiqué dimanche le président de l’association. « Aujourd’hui, nous ne sommes pas suffisamment solides pour absorber le flux de personnes qui ont besoin d’aide alimentaire », a expliqué Patrice DOURET, président des Restos du Cœur. « Si rien n’est fait, on pourrait devoir fermer d’ici trois ans ».
Les Restos du Cœur se retrouvent dans le rouge en raison de la «hausse très importante » du nombre de personnes qui demandent de l’aide et d’une «augmentation de ses coûts de fonctionnement», due à l’inflation.

Déjà 1,3 million de personnes accueillies en 2023
Invité du journal TV de TF1, dimanche 3 septembre, Patrice DOURET a lancé « un appel aux forces politiques et économiques de notre pays » pour le « lancement d’un plan d’urgence alimentaire ». «Nous ne sommes pas suffisamment entendus ou pris au sérieux (…) mais les digues sont en train de lâcher», a déclaré le président sur TF1.
Les Restos ont déjà accueilli 1,3 million de personnes en 2023, contre 1,1 million sur l’ensemble de l’année dernière. Et ces derniers mois, son budget pour les achats alimentaires, redistribués ensuite gratuitement aux personnes accueillies, a « doublé ».

L’Etat promet une aide de 15 millions
Face à cette situation « extrêmement complexe », les Restos du Cœur ont décidé de réduire leur nombre de familles accueillies. «C’est un véritable crève-cœur, mais nous allons devoir massivement dire non à des personnes que nous aurions pu accueillir avant l’inflation et nous allons devoir réduire la quantité de ce que nous donnerons aux personnes qui rentreront dans nos critères», a détaillé Patrice DOURET. Il estime qu’environ 150 000 personnes devront être éconduites.
Les Restos, qui s’attendent à servir 170 millions de repas cette année contre 140 millions en 2022, apportent une aide régulière aux personnes dans le besoin, en fonction de leur reste à vivre. Son montant pour être admissible va être révisé à la baisse, a indiqué Patrice DOURET.
Malgré cette mesure, l’association a besoin de 35 millions d’euros supplémentaires pour terminer l’exercice à l’équilibre.
«On appelle à une mobilisation massive des forces politiques et économiques de ce pays pour nous aider à franchir ce cap», a déclaré Patrice DOURET, qui a fait part également de sa colère. «Cela fait des mois qu’on alerte le gouvernement sur cette situation, on n’a pas assez été entendu.»
Les propos de Patrice DOURET dimanche midi ont semble-t-il vite été entendue par le gouvernement : l’Etat a promis 15 millions d’euros d’aides supplémentaires dimanche soir, par la voix d’Aurore Bergé, ministre des Solidarités et des Familles.